AEG 4159 User Manual Page 432

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Conclusion Générale
Caractériser l'histoire des élites genevoises durant le XIXe siècle est un exercice qui impose
de considérer une rupture et des continuités. La rupture est celle, bien connue, de 1846, qui
voit le canton se doter d'une constitution moderne, fondation d'une démocratie accomplie. A
l'origine politique, cette refondation provoque un bouleversement général qui affecte
l'ensemble des institutions genevoises, financières, religieuses ou de l'instruction publique.
Les continuités sont celles des dynamiques sociales, comme autant d'habitudes et de pratiques
qui ne peuvent être modifiées en quelques mois par un retournement politique, mais qui
évoluent lentement, parfois avec retard, par rapport au reste de la société et toujours en
conformité avec des pratiques sociales anciennes, enracinées et transmises.
1. Une bourgeoisie profondément enracinée jusqu'en 1842
1.1. Le régime de restauration
En 1841, à l'aube des troubles révolutionnaires qui coûtent aux élites leur domination
politique, la bourgeoisie apparaît comme remarquablement solide. Bien que le statut de
Bourgeois ait été abandonné en 1792, soit près d'un demi-siècle auparavant, la société
bourgeoise a fait preuve d'une étonnante vitalité sociale, économique et politique, pendant
toute la période de restauration (1814-1842). Ruinées, divisées, amoindries par la révolution
française suite aux remous politiques ou à l'émigration de plusieurs de leurs membres
éminents, les anciennes autorités réussissent à renaître d'une manière surprenante. S'appuyant
sur la volonté de recouvrer au plus vite le calme, elles parviennent à reprendre le pouvoir
après le départ des Français en 1814, ce qui est le cas de plusieurs pays européens, dont le
puissant voisin français. Cependant, les élites genevoises marquent une nette différence
lorsqu'elles réussissent à légitimer ce pouvoir par une Constitution habile qui, en introduisant
des possibilités de réformes continuelles, a paralysé pendant longtemps tout mouvement de
mécontentement. Cette particularité de la Constitution de 1814 porte des fruits, puisque
Genève devient un modèle de stabilité politique pendant plusieurs années et échappe
totalement aux violents troubles de 1830, qui secouent pourtant de nombreux autres cantons
suisses.
L'explication du comportement politique des anciennes familles de Genève tient dans le
profond enracinement de cette élite dans la société protestante, tel que même face à
d'indispensables réformes politiques, les anciens bourgeois tiennent à conserver un leadership
dépassé. En se maintenant au pouvoir, ils poursuivent une tradition aussi ancienne que la
Réforme, satisfont leurs ambitions et protègent leur groupe. Sans conteste, ils respectent
également une vocation à diriger les affaires publiques qui leur a été confiée par Calvin. Le
profond respect de cette vocation, assumée sans discontinuer depuis le XVIe siècle, tisse
l'étroit lien qui unit les élites à la cité. De fait, elles vont y rester attachées pendant tout le
XIXe siècle. Les indispensables réformes politiques réclamées par les principes d'égalité de la
révolution française se font, mais à partir de la fin des années 1830, le rythme se ralentit et les
autorités se trouvent rapidement face à un choix cornélien: accepter, comme la raison l'exige,
de remettre en question l'autorité de la bourgeoisie sur la cité, ou poursuivre un statu quo que
seule la vocation ancestrale réclame.
S'il est abusif de considérer que les situations avant la révolution française et avant la
révolution radicale sont identiques, plusieurs points communs se détachent. Malgré un
contrôle total sur les instances politiques, la bourgeoisie est divisée entre des tendances
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