AEG 4159 User Manual Page 120

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La formation des élites jusqu'en 1846
114
[Jean] P[ierre]. Forget, citoyen de Genève, avocat à la Cour Royale de Paris, a l’honneur
de vous adresser avec le plus profond respect, la requête qui suit.
Pendant le temps que sa patrie a gémi sous le joug de l’étranger, le suppliant a été
contraint de faire ses études de droit dans une ville de France. Après le nombre d’années
et les examens requis, il a obtenu le 23 août 1813 le grade de licencié à la faculté de Paris,
et le 8 novembre suivant, il prêta le serment d’avocat à la Cour d’appel de la même ville. Il
désire ardemment, Magnifiques seigneurs, anéantir cet acte, dont la formule, identique
pour tous, exigeait la promesse de fidélité et d’obéissance à l’usurpateur. Il attend avec
impatience le moment de prêter devant vous un serment solennel de tout faire pour
l’indépendance de sa patrie, de ne rien négliger et d’y maintenir le bon ordre et la paix, et
de s’acquitter avec fidélité des devoirs sacrés que sa vocation lui impose.
Le suppliant ose espérer, M[agnifiques] S[eigneurs], qu’il vous plaira, après avoir reçu
son serment, ordonner son inscription sur le tableau des avocats de Genève, à la date du
17 novembre 1813, jour auquel il a commencé l’exercice de sa profession".
522
Les avocats étant peu nombreux à Genève, cette requête aboutit sans problème. Puis Jean-
Pierre Forget est nommé premier sous-lieutenant d'artillerie
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en 1818, et entre en 1830 au
Conseil Représentatif. Son père était déjà bourgeois de Genève, mais son intégration dans les
milieux de la finance n'est achevée qu'avec son mariage avec une fille Melly. La conséquence
de cette intégration est visible au travers du mariage de son fils cadet, Ferdinand, qui épouse
une fille Cramer, de la branche des banquiers. Enfin, ajoutons que sa petite-fille épouse
Arnold Pictet, dont il est question ci-dessus.
524
Conclusion
Les élites actives dans le secteur du commerce et de la banque au XIX
e
siècle sont issues de
deux groupes sociaux différents. Aux membres des familles bourgeoises déjà établies dans les
métiers du négoce et de la finance viennent s'ajouter de nouveaux acteurs, issus de familles
moins fortunées. Cette nouvelle élite est attirée par la fortune, qui ne semble accessible qu'aux
travers des affaires de négoce et de banque. Si les origines peuvent varier, la formation
bourgeoise suit un schéma relativement homogène, fait d'un unique fil d'Ariane et de deux
composantes essentielles.
Le fil conducteur de la formation bourgeoise se compose d'un encadrement attentif du père
(voire aussi d'un percepteur), suivi d'une formation de base à l'Académie, que nous avons
définie dans un chapitre précédent comme l'un des pilier de la République, et enfin d'une
période d'apprentissage à l'étranger. Chacune de ces étapes de formation correspond à des
objectifs bien précis. Les parents ou le précepteur s'occupent d'une éducation de base,
l'Académie offre un cursus de culture générale, tandis que l'apprentissage permet de se former
directement à sa vocation professionnelle. Cette dernière est l'une des deux composantes
essentielles qui entourent la formation, l'autre étant l'existence de réseaux familiaux. La
vocation est révélée à la fin du temps passé sur les bancs de l'Académie, tandis que les
réseaux d'affaires sont déjà présents. Ces derniers peuvent être employés de deux manières
522
AEG, Archives Privées Forget, portefeuille 1, document 14.
523
Idem.
524
Voir au chapitre 15 les schémas généalogiques 15.4 et 15.5.
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